Musée

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Notre histoire

Bref historique du Musée Muséum départemental

Une souscription décidée le 23 mai 1901 par la chambre des députés, autorise un tirage de la Loterie Nationale au bénéfice de la construction de l’actuel musée. Les travaux commencèrent en 1903 sur les plans de l’architecte départemental Chaudier. L’ouverture au public se fera en septembre 1910.

Au cours de son premier siècle d’existence, le Musée Muséum départemental a permis la collecte de collections de collectionneurs. Elles ont été principalement constituées par des haut-alpins, qu’ils aient résidé dans le département ou dans d’autres contrées du monde. Personnalités culturelles et scientifiques, associations savantes comme la Société d’Etudes des Hautes-Alpes et les Amis du musée, réseau vif de partenaires, publics captifs, équipe mobilisée, contribuent, à donner un visage humain au fonctionnement de cet établissement, passeur de mémoire.

La Société d’Etudes et le Musée Muséum départemental
des Hautes-Alpes

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Le 10 juillet 1981, nous célébrons en l’Hôtel de Ville de Gap, la fondation de la Société d’Etudes des Hautes-Alpes, dans la salle même où avait été dressé son acte de naissance, cent années jour pour jour auparavant.

Autre symbole, l’Assemblée Générale et le Colloque du Centenaire de notre Société ont pour cadre ce Musée Départemental que la Société d’Etudes a contribué, plus que tout autre, à créer.

L’histoire de ces deux institutions se confond tellement qu’il est impossible de dresser la liste exacte des donations faites à la Société d’Etudes et incorporées aussitôt dans les collections du Musée Départemental des Hautes-Alpes.

Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les Bulletins de la Société d’Etudes, les Annales des Alpes ou la correspondante de l’Abbé Guillaume.

En réponse à une lettre du Ministre de l’Instruction Publique, des Beaux-Arts et des Cultes, en date du 18 mai 1885, qui lui demande s’il existe dans le département des Hautes-Alpes des musées, l’Abbé Guillaume écrit le 11 juin suivant : « Il n’y a, dans le département des Hautes-Alpes, qu’un seul Musée d’Antiquités : c’est le Musée Archéologique Départemental des Hautes-Alpes. Il existe à Gap, une des dépendances de l’Hôtel de la Préfecture. Sa création est d’une date relativement récente. Il ne sera donc pas hors de propos de résumer ici rapidement l’histoire de sa fondation. »

L’Abbé Guillaume évoque alors la création du premier musée de Gap, par le Baron de Ladoucette, Préfet des Hautes-Alpes, sous le nom de « Musée Central du Département des Hautes-Alpes ».

La première pierre de cet édifice avait été posée par le Préfet Ladoucette, le 9 thermidor an XII (samedi 28 juillet 1804) à 4 heures de l’après-midi, en présence, nous dit le procès-verbal, des « Membres du Collège Electoral du Département, comme représentant pour cet effet les communes qui, toutes, ont concouru par leurs offrandes, à un monument élevé dans les Hautes-Alpes aux Sciences, aux Arts et à l’Instruction Publique ».

Cette cérémonie s’est déroulée, d’après le procès-verbal : « au milieu d’un concours considérable de dames et de messieurs ». Une boite de plombs dont la matière avait été extraite des ruines de Mons-Seleucus (La Bâtie Montsaléon en 1804-1805) contenant le procès-verbal, sur vélin, et une médaille en argent portant l’effigie de l’Empereur Napoléon « avait été scellée dans l’angle intérieur des fondations vers le midi ».

Ce Musée, nous dit encore l’Abbé Guillaume, renfermait des objets nombreux et intéressants, provenant surtout des fouilles faites à la Bâtie Montsaléon en 1804-1805.

Dans une lettre imprimée en date du 7 mars 1809, le Préfet Ladoucette écrivait que : « le total des fonds consacré à ce jour au musée était de 77 960 F 47 c, somme énorme pour l’époque et pour le Département des Hautes-Alpes. »

Quelques semaines plus tard, le Préfet Ladoucette quittait Gap. Le musée perdait un mécène et un protecteur. Personne ne s’intéressa à son développement. En 1823, on fit bien quelques tentatives pour le reconstituer, mais en vain.

Répondant à une lettre du secrétaire général Farnaud, interrogé lui-même par le Ministre de l’Intérieur qui désire savoir si les objets d’antiquités trouvés à la Bâtie Montsaléon sont à la Préfecture, l’ingénieur Janson écrit, le 17 juillet 1829, à M. de Roussy, Préfet des Hautes Alpes : « Tout ce que je sais de positif et de certain, c’est qu’ils ont disparu, et qu’il n’en reste d’autres vestiges que ceux que peuvent encore en offrir les dessins que je fis dans le temps pour moi. »

Ces dessins, admirablement exécutés, furent acquis par le Conseil Général en 1883, pour la somme, relativement élevée à l’époque, de 1 000 F. Ils sont conservés aujourd’hui, en partie aux Archives Départementales, en partie au Musée où M. et Mme Gérard Brés, qui ont entrepris, sous notre direction, l’inventaire scientifique des collections de peintures et de dessins, viennent de les étudier.

Ajoutons, pour en terminer avec le premier Musée de Gap, que celui-ci avait été installé dans les bâtiments de l’ancien séminaire diocésain, rue de Provence, aujourd’hui rue du Colonel Roux. Ces bâtiments furent rendus en 1825 à leur ancienne destination et Mgr Arbaud, alors Evêque de Gap, y établit le Grand Séminaire qui y demeura jusqu’en 1906.

En 1842, le Commandant Vivien, dont le nom reste attaché à la donation qu’il a faite à la Chapelle de l’Hôpital de Gap d’un tableau représentant la Vierge d’après Sassoferrato, réclamait la formation d’un « cabinet de minéralogie et de numismatographie ».

En 1848, il était question, au sein du Conseil Général, de construire un local capable de contenir « les archives et tous les produits d’histoire naturelle que fournit le Département ».

Dix ans plus tard, le Conseil Général recommande à l’archiviste départemental de relever avec soin, dans ses tournées « les inscriptions et vestiges d’inscriptions ».

En 1860, l’Abbé Templier écrit : « Ne permettons pas que nos richesses archéologiques aillent enrichir, à notre détriment, les cabinets voisins ».

Le 11 juillet 1865, le docteur Blanc, conservateur des collections géologiques et minéralogiques de Gap, fournit sur ces collections, alors installées à la mairie, des renseignements importants.

Un arrêté du maire de Gap, en date du 7 janvier 1868, décide que les diverses collections de botanique, de minéralogie et d’archéologie seront réunies sous le nom de « Musée de Gap ».

Malgré ces interventions et ces efforts durant cette longue période de plus de 60 ans, toutes les trouvailles archéologiques faites en particulier à Panacelle et à Peyre-Haute, prés de Guillestre, à Réallon, à la Bâtie Montsaléon et ailleurs, sont allées enrichir le musée d’Avignon, de Toulouse, de Lyon, de Saint-Germain-en-Laye, de Saint-Omer et autres encore, au détriment des sciences historiques des Hautes-Alpes.

C’est à M. Robert Long, archiviste de Hautes-Alpes de 1874 à 1879, que revient le mérite de la fondation de Musée Archéologique des Hautes-Alpes. Il rassemble dans le vestibule des archives départementales, alors installées à la Préfecture, diverses inscriptions que devait publier en 1880 Florian Vallentin, secrétaire perpétuel de l’Académie delphinale, correspondant du Ministère de l’Instruction Publique pour les travaux historiques.

La mort prématurée, à 34 ans, de Robert Long allait-elle sonner également le glas du Musée Archéologique naissant ?

C’est la question qu’on se posait à Gap lorsqu’on a appris la nomination, le 19 juin 1879, de l’Abbé Paul Guillaume, comme archiviste des Hautes-Alpes.

Dès lors, notre département va connaître une intense activité culturelle.

L’Abbé Guillaume regroupe autour de lui tous ceux qui veulent sauver et conserver le patrimoine historique des Hautes-Alpes.

Et c’est le 10 juillet 1881 qu’est fondée la Société d’Etudes des Hautes-Alpes, dont l’Abbé Guillaume sera, pendant plus de 10 ans, le secrétaire.

Ecoutons encore l’Abbé Guillaume nous parler du Musée Archéologique dont il a pris la charge :

« Ces collections n’ont fait que s’accroître depuis 1881, grâce surtout à l’impulsion donnée aux études historiques et archéologiques dans le département des Hautes-Alpes, par la fondation de la Société d’Etudes des Hautes-Alpes […]

" Les nombreux dons d’objets archéologiques faits, dès 1881, à la Société d’Etudes des Hautes-Alpes, ont été signalés régulièrement dans ces bulletins.

" De ce qui précède, il résulte que les collections du Musée Archéologique du département des Hautes-Alpes appartiennent en partie au département et en partie à la Société d’Etudes […] Les locaux où sont placés les collections, sont la propriété du département, mais la Société d’Etudes en a la jouissance. »

En effet, répondant au vœu exprimé par la Société d’Etudes, le Conseil Général avait fait l’acquisition, au mois d’août 1881, de la maison Merlin, attenante aux Archives Départementales et avait affecté le rez-de-chaussée de cet immeuble au Musée Archéologique.

Les collections y furent transférées le 4 novembre 1882. L’installation cependant n’était pas achevée le 2 mars suivant, époque où la Société d’Etudes exprimait le vœu de faire hâter la complète organisation du Musée.

Le 8 septembre 1883, les principales collections étaient enfin installées.

Les bulletins de la Société d’Etudes, puis à partir de 1897, les Annales des Alpes publient la liste des donations.

Je vous fais grâce de l'énumération de celles-ci. Elles sont des plus variées.

Notre Société accumule en quelques années des milliers de monnaies, documents ou objets divers.

Bientôt, on est dans l’obligation de louer des locaux dépendant du moulin de Tourrés, route de Sainte Marguerite. J. Barrachin a évoqué dans « La Montagne m’a dit » l’impression d’un désarroi que cette annexe de Musée produisait sur les jeunes esprits de son époque.

Le 6 juillet 1888, le bureau de la Société demandait au Préfet de nommer leur confrère David Martin, Conservateur des musées, estimant que l’on a « tout intérêt à confier à une même personne tout ce qui se rapporte à la conservation de ces collections. »

L’accroissement considérable des collections se poursuit quand un élément important dans la vie des musées de Gap surgit : c’est le legs de Léon Olphe-Gaillard.

Par codicille en date du 20 juillet 1892, ce savant faisant donation de sa bibliothèque, 2 597 volumes, une des plus riches parmi celles spécialisées dans l’étude des oiseaux, ainsi que 2 000 oiseaux perchés, 3 300 peaux d’oiseaux, leurs œufs, leurs nids ; sa collection avait en outre recueilli celle d’un des plus éminents ornithologues européens, le Dr Brehu, composée de 800 sujets. Ce magnifique ensemble avait exigé l’investissement d’un capital d’un million de francs et représentait avec ses vitrines prés de 15 tonnes.

Mais le testateur impose une clause, celle pour le département « de s’installer dans un bâtiment convenable », car il avait à l’honneur de faire bénéficier de ce legs à la ville de ses ancêtres.

Le processus qui devait aboutir à la construction du bâtiment dans lequel nous sommes réunis aujourd’hui était déclenché. La Chambre des Députés adoptait, le 23 mai 1901, la résolution 2 330 présentée par Mm. Pavie, Euzière et Laurençon. Elle autorisait l’émission d’une loterie nationale au capital de 200 000 F par billet de 1 F avec lots en espèces et objets d’art.

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Vous pourrez voir dans l’une des vitrines de l’exposition consacrée au Centenaire de notre Société, l’un de ces billets acquis par le père de notre actuel Président.

Les plans du bâtiment furent dressés par M. Chaudier, architecte départemental.

Les travaux confiés à l’entreprise Castelli commencèrent le 15 février 1903.

Le 13 octobre, le rez-de-chaussée était terminé. Le soubassement était en pierre rose de Guillestre. Le 15 Septembre 1904, le bâtiment était complètement rasé au niveau du plancher en fer du 1er étage.

En septembre 1906 eut lieu la pose du palier de l’escalier intérieur, une pierre monolithe de plus de 6m et d’un poids de 7,5 tonnes.

Les travaux étaient bientôt terminés et le transfert de collections put enfin commencer le jeudi 29 octobre 1908. Le 30 avril 1909, David Martin avait la joie de voir arriver les dernières caisses.

L’ouverture du Musée eut lieu à l’occasion des Fêtes de la Saint-Arnoux, les 25 et 26 septembre 1910.

En 1911 se constitua l’Association des Amis du Musée Départemental qui devait être présidée successivement par Gabriel Martin et Georges de Manteyer, et qui, après un sommeil de près d’un quart de siècle, vient de renaître sous la présidence de M. Alain Hiernimus, directeur de l’Ecole Nationale d’Art Décoratif de Nice.

Dès lors, le rôle de la Société d’Etudes se fit plus discret. Mais les conservateurs qui se sont succédés depuis, comme les principaux donateurs, sont tous issus de la Société d’Etudes.

En terminant, j’ai le devoir de rendre hommage à ceux qui m’ont précédé : David Martin, Gaston Tanc, Edouard Vernet, Paul Aimés.

N’oublions pas le rôle déterminant du chanoine Paul Guillaume.

Ayons une pensée pour tous ceux qui ont enrichi par leurs libéralités, le patrimoine du département et dont, pour la plupart d’entre eux, le nom est bien oublié aujourd’hui : Jacques Jaubert, ingénieur du Pugnet, Bénoni Blanc, Ernest Sibour, Jean Sarrazin, Gabriel Martin, le Marquis de la Mazelière, Adolphe Barle, Marceloff, Mme Champollion, Georges de Manteyer et tant d’autres.

Je vous le disais en commençant cet exposé, l’histoire du musée et celle de la Société d’Etudes sont intimement liées.

La Société d’Etudes n’a cessé, directement ou indirectement, depuis un siècle, d’enrichir les collections du Musée Départemental. Elle s’apprête aujourd’hui même à le faire encore, en déposant ici, les collections d’objets antiques rassemblés vers 1890 par Clément Aubert – ensemble exceptionnel de par son ampleur et la qualité des pièces qui le constituent.

Cette collection de près de 500 pièces de céramiques africaines vient de faire l’objet d’une étude scientifique qui permet de les dater, entre le VIème siècle avant et le VIème après J. C. Je vous rappelle qu’elle a été léguée à la Société d’Etudes en 1971 par le Commandant Bués.

Le conservateur de ce musée se réjouit de voir entrer une telle collection qui en appelle d’autres.

L’affirmation de l’Abbé Guillaume dans sa lettre du 11 juin 1885, précitée, trouve ainsi une éclatante confirmation quand il écrit :
" De ce qui précède, il résulte que les collections du Musée […] appartiennent en partie au département et en partie à la Société d’Etudes des Hautes-Alpes. "

Votre trésorier souhaite que les élus de ce département s’en souviennent. Et sur ce point, nous désirons tout particulièrement attirer l’attention de l’administration de ce département, ainsi que de ses élus à qui incombe l’entière responsabilité de la gestion de notre patrimoine.

Georges Dusserre
Ancien Conservateur du Musée Départemental.

Extrait du Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes : UN SIECLE DE RECHERCHES ET TRAVAUX SUR LES HAUTES-ALPES
1881-1982

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