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Un peu d'histoire locale avec le Queyras

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Le Queyras n’a pas toujours été une zone frontalière. Il nous faut remonter en 1343, année où les Briançonnais rachètent à Humbert II, dernier des dauphins de Viennois, l’ensemble de ses droits féodaux et s’organisent en une grande fédération de cinq territoires indépendants qui prennent le nom d’escartons.
Le Queyras, ainsi que le Briançonnais, les régions d’Oulx, Pragela et Château-Dauphin en font partie. Cette région bénéficie jusqu’à la Révolution d’une grande autonomie et de privilèges accordés par le roi de France.

Les habitants ont le droit de se réunir librement, d’élire leurs représentants, de lever des impôts (escarter = répartir l’impôt) et de gérer à leur guise les chemins, les forêts, l’eau et les pâturages. Le partage des tâches et des corvées, comme l’entretien des canaux mais aussi des terrains, est l’un des fondements de cette société relativement égalitaire.

La prospérité du Grand Briançonnais cesse en 1713, lors de la signature du traité d’Utrecht, qui met fin à la guerre de Succession d’Espagne et cède au duc de Savoie les escartons d’Oulx, Val-Cluson (Pragela) et Château-Dauphin. Cependant, l’absence d’un réseau routier n’a pas empêché la circulation et les échanges avec les autres vallées. Trois principaux cols relient le Queyras avec le Briançonnais et le Mont-Genèvre (col Izoard), l’Embrunais (col Fromage), et l’Italie (col Agnel).

Certes, l’accès au Queyras est difficile, mais sa situation géographique fait de cette vallée un carrefour commercial et culturel. L’hiver, très rigoureux, dure parfois neuf mois et les Queyrassins doivent s’organiser pour y vivre principalement en autarcie.

L’économie du pays est principalement basée sur l’élevage, avec le commerce du beurre et du fromage, et sur la céréiculture. Les femmes participent en vendant le linge et les dentelles qu’elles confectionnent à partir de la laine, chanvre et du lin. D’ailleurs, le monnayage n’est pas le mode de paiement préféré des Queyrassins qui utilisent beaucoup le troc.

Les nombreux échanges, notamment avec l’Italie, favorisent l’essor artistique. Les artistes lombards et piémontais apportent leur savoir-faire en matière de construction et de décoration, pour l’art religieux principalement. Les maisons et les églises s’ornent de fresques et de cadrans solaires. Le goût du décor est tel que les habitants s’en entourent au quotidien et parent objets usuels et meubles de sculptures, de dates, de sentences, attention qui tend à prouver l’importance qu’il leur est accordée. La vie intellectuelle est exceptionnellement riche pour un site de haute montagne. Les habitants savent presque tous lire et écrire. L’isolement hivernal en est le facteur principal, l’instruction étant basée sur l’étude dela Bible.

La topographie présente des maisons rassemblées en villages autour de l’église, du temple, de l’école, du four, de la fruitière et de la fontaine. Aux abords, les potagers, les prairies d’alpages et le bois, souvent utilisés en gestion communautaire, complètent le paysage. Malgré la diversité apparente des constructions (maçonnerie à Abriès ou bois à Molines, par exemple), l’habitat présente une réelle unité. Les maisons montagnardes s’organisent généralement en trois parties : l’étable, le logis et la grange. Cependant, on trouve souvent dans le Queyras, particulièrement à Molines et à Saint-Véran, des demeures partagées en grange et logis-étable.

La cohabitation des familles et des animaux a perduré pendant des siècles, et ce parfois jusqu’en 1950. Le logis - étable se partage en deux : les animaux se trouvent au nord, tandis que la partie réservée à la famille (taurin) est située au sud, près des fenêtres. La seule source de chaleur provient des animaux et de la cheminée. Le poêle en fonte est surtout réservé à la cuisson des aliments. Les lits, pratiquement clos, sont formés d’un « coffre » en bois fermé par un rideau (courtine).
Le foin est stocké au dessus de l’étable, dans la grange. Un deuxième corps de bâtiment abrite la fougagne ou cuisine d’été : on y entrepose la vaisselle, les denrées et les ustensiles de cuisine. Elle est meublée d’un ou deux buffets vaisseliers, d’un pétrin, d’une table, de chaises, de chaudron pour la cheminée. Elle donne accès à la cave pour les légumes et les pommes de terre. L’étage est occupé par une ou deux « chambres » qui servent en réalité de débarras, de resserres à provisions et, quelquefois, de chambre à coucher l’été.

MOBILIER TRADITIONNEL

Les Queyrassins sont, de manière générale, très attachés aux traditions religieuses, morales et familiales. La famille est l’entité de base de leur société. Cette cohésion leur a permis d’être instruits et cultivés, donnant naissance à un art populaire original.

Le matériau le plus utilisé est le bois, bien que certains objets soient fabriqués en métal, en pierre, en marbre ou en céramique. Les forêts de pins cembro et les mélèzes fournissent la matière première. Chaque objet, qu’il soit rare ou d’usage quotidien, se transforme en œuvre d’art.

La plupart des hommes possèdent un établi et un outillage, et deviennent menuisier - ébéniste l’hiver venu. Les mariages et les naissances sont de perpétuelles occasions de fabriquer meubles et objets. Le mobilier se compose principalement de coffres. Certains peuvent atteindre des tailles imposantes. Ils sont souvent fabriqués à l’occasion des mariages et font partie de la dot. Ils servent au rangement du linge de maison et des habits. D’autres, de formats plus modestes, protègent les papiers, les bijoux, les objets personnels ou les outils.

Ce sont les meubles les plus répandus dans le Queyras car leur forme permet de les reposer facilement et de recevoir tous les contenus.

Les gros meubles, comme les armoires ou les vaisseliers, sont également répandus malgré les contraintes imposées par l’architecture. D’ailleurs, ils sont souvent exécutés sur place et sur mesure pour épouser les formes des voûtes, et sont certainement le fait de menuisiers professionnels.

Les lits offrent des surfaces propices à recevoir de nombreux décors. Demi - clos, ils se composent de deux montants et de deux traverses. La traverse supérieure peut devenir le support l’inscription. Le reste du mobilier est constitué de tables, de sièges, de pétrins, de berceaux et de banc à courir pour les jeunes enfants.

Le mobilier peut être d’une simplicité extrême ou plus richement décoré. Le plus souvent, les fabricants y gravent les dates, leur nom et l’évènement célébré. Les Queyrassins empruntent leurs motifs à différents styles décoratifs : gothique, Renaissance, Louis XIII. Meubles et objets se parent de volutes, de rinceaux, de rosaces ou de pointes de diamant. Les décors les plus exploités sont les formes géométriques taillés en surface sur la façade et les pieds - poteaux de coffres. Les moulures sont réalisées au rabot et les coups d’ongle, à la gouge. Les rosaces et rouelles, d’ abord esquissés au compas, sont recreusées au couteau. Le Queyras n’a pas l’apanage de ces motifs décoratifs qui existent aussi en Maurienne, en Tarentaise, et dans d’autres régions de montagne.

OBJETS DE LA VIE QUOTIDIENNE

Le travail du textile tient une place importante dans la vie des femmes car il constitue une activité principale en hiver, filant à la quenouille et au fuseau. Pratiquement chaque maison possède son rouet, son dévidoir et parfois même un métier à tisser, toujours orné de motifs sculptés. La production comprend des draps, des couvertures, des pièces de costumes, des vêtements tricotés et surtout des dentelles.

Les rouets fonctionnent grâce à une transmission horizontale ou verticale, et présente des roues particulièrement travaillées. Les porte – écheveaux ou dévidoirs, très simples, sont à axe vertical ou horizontal.

Les métiers à dentelle, appelés « tambour » à cause de leur forme, sont souvent des « présents d’amour », exécutés par les fiancés ou les maris. Ils portent en général des dates, les noms des femmes à qui ils sont offerts et des dédicaces. Ces petites boîtes cylindriques présentent deux joues circulaires entre lesquelles est tendu en rembourrage sur lequel la dentelle est fabriquée. Les joues du tambour présentent de nombreux décors sculptés de rinceaux Renaissance, de motifs géométriques, de rosaces, de rouelles ou de motifs végétaux.

Les boîtes et les coffrets forment aussi des « présents d’amour » gravés. Ces pièces présentent des formes très diverses. Elles sont généralement monoxyles (faites dans une seule pièce de bois) et parfois polychromes.

Une forme fréquente est celle du plumier d’école comportant une ou plusieurs cavités. On trouve également des coffrets dont le couvercle est rattaché au corps de l’objet par des lanières de cuir ou des agrafes métalliques.

Nombre de ces boîtes et coffrets comportent un système de verrouillage à secret, car on y range les biens les plus précieux.

L’ALIMENTATION

L’alimentation des Queyrassins est constituée de choses simples, comme le pain (et tous les dérivés de la farine), les soupes de légumes ou de céréales, les salaisons et les laitages. Le matériel servant à préparer et à consommer cette nourriture est généralement en bois.

Ainsi, on trouve de nombreuses marques à pain ornées de dates, d’initiales ou de motifs qui permettent de distinguer les différentes fournées. Le pain, au seigle et aux céréales, préparé par chaque famille, n’est pas cuit que quelques fois pas an au four banal. Il est ensuite entreposé sur les casiers à pain et consommé, dur et râpé, dans la soupe ou le lait.
Le lait et surtout ses dérivés, le beurre et le fromage, sont des éléments importants dans la vie des Queyrassins. Une grande partie de la production est vendus, entre autres, aux foires de Guillestre et d’Embrun ; le reste est réservé à la consommation personnelle. Aussi, chaque maison est – elle équipée d’ustensiles servant à la transformation du lait : banc à traire, filtre à lait, moule à fromage, presse – auge à saler, égoutier à fromage ou baratte. Les rouleaux à beurre sont sculptés de motifs géométriques et figuratifs. Ils ont certainement une fonction protectrice, tout comme les décors des boîtes à sel.

L’INSTRUCTION

Les écoles, installées parfois dans les écuries, dispensent un enseignement complété par les rudiments de latin et de catéchisme. Les maîtres d’école sont cooptés par les habitants et rétribués en argent et en nature. De nombreux objets en bois (ou en pierre) font partie du matériel scolaire : pupitre, boîte à livre, encrier, plumier sont ornés de motifs sculptés et d’inscriptions. De plus, les Queyrassins sont réputés comme instituteurs et proposent leurs services à l’occasion des foires.

Les jeux tiennent aussi une place importante tant dans la vie des enfants que dans celle des adultes. Ainsi, les poupées, les chevaux de bois, des damiers sont autant de témoignages de leurs habitudes.

L’outillage agricole est encore peu représenté dans les collections du musée de Gap. Seule une série de coffins offre une grande diversité de motifs. Ces récipients, appelés « couiers », sont maintenus à la ceinture du faucheur par une languette plate taillée dans la masse du bois. Ils sont destinés à recevoir la pierre à aiguiser qui reste ainsi humide.

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